Quel est l'impact de la baisse des taux d'intérêt sur l'endettement des entreprises ?

Mis à jour: 17 juin 2025
Bibby Financial Services
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Dans un contexte économique en constante mutation, les taux d’intérêt jouent un rôle central dans les décisions de financement des entreprises. Après une période de taux élevés pour endiguer l’inflation au cours des années 2022 et 2023, leur baisse est amorcée depuis 2024, mais reste incertaine en raison du climat géopolitique. Quel est l’impact sur l’endettement des entreprises qui, en France, font majoritairement appel au crédit bancaire pour se financer ?

Le crédit bancaire, source privilégiée de financement des PME

Les taux d’intérêt proposés par les banques commerciales sont encadrés par les taux d’intérêts directeurs de la Banque centrale européenne. Plus les taux sont élevés, plus le crédit coûte cher, et inversement. Selon qu’elles choisissent des emprunts à taux fixes ou variables, les entreprises sont différemment impactées par les variations des taux d’intérêt.

Après avoir connu des niveaux historiquement bas en 2020, les taux d’intérêt ont fortement augmenté pour lutter contre l’inflation en 2022 et 2023 avant de repartir à la baisse en 2024. Une tendance confirmée ce début d’année : en mars 2025, le taux d‘intérêt moyen appliqué aux nouveaux prêts bancaires octroyés aux PME s’est élevé à 3,90 %.

Mécaniquement, le taux de croissance annuel des crédits aux entreprises s’est aligné sur l’évolution des taux d’intérêt : il a atteint environ 13 % en décembre 2020, et a été ramené en mars 2025 à 2,2 %.

En France, le crédit bancaire est une source privilégiée de financement des entreprises. La Fédération Bancaire Française souligne dans son étude de mai 2025, « Le financement des entreprises. Priorité stratégique des banques françaises », que « contrairement à la plupart des autres pays de la zone euro, la France n’a pas connu de  credit crunch ces dix dernières années » avec 1 376 milliards d’euros de crédits accordés aux entreprises, soit une hausse de 65 % en 10 ans.

En 2024, 324 milliards d’euros de nouveaux crédits aux entreprises ont été accordés, un niveau proche de celui de 2021 (322 milliards) après deux années contrastées : 315 milliards en 2023 et 373 milliards en 2022. Fait notable : près de la moitié des crédits octroyés aux entreprises vont aux TPE et PME. Moins dotées en fonds propres que les grandes entreprises, elles ont aussi moins accès à d’autres sources de financement comme le marché financier, des levées de fonds, etc.

La baisse des taux d’intérêt peut les inciter à s’endetter plus, mais modifie aussi la manière de gérer leur passif : des taux faibles sont en effet l’occasion de renégocier sa dette bancaire, ou de rééchelonner les échéances de remboursement pour étaler la charge financière dans le temps.

Les mécanismes de l’endettement

Un emprunt peut répondre à différents besoins : renforcer la trésorerie, financer un investissement, le rachat d’une entreprise ou d’un fonds de commerce, l’acquisition de matériels... De nombreux  critères sont étudiés par les banques avant d’accorder un crédit aux entreprises afin d’évaluer les risques : la situation financière de l’entreprise, le besoin de financement, l’apport personnel, le business plan et la rentabilité du projet, les perspectives du secteur d’activité…

Pour cela, les banques s’appuient sur plusieurs indicateurs :

  • le taux d’endettement (dettes totales/capitaux propres), qui doit généralement ne pas dépasser 40 %. Un taux élevé est associé à un risque financier, car cela veut dire que l’entreprise finance son activité plus par les fonds empruntés que par ses fonds propres.
  • le taux d’endettement financier (dette nette/capitaux propres), permettant de comparer les créances (toutes les dettes dues à des créanciers) aux fonds propres.
  • la marge brute d’autofinancement (résultat net + amortissements + provisions), qui indique la capacité de l’entreprise à se financer sans recourir à des fonds extérieurs.

Finalement, c’est la capacité d’endettement qui est décisive. Elle correspond à la capacité de l’entreprise à contracter des emprunts sans mettre en danger son équilibre financier, c’est-à-dire son aptitude à dégager de la rentabilité. La capacité d’endettement renseigne la banque sur le montant que son client peut rembourser tous les mois et permet de définir le montant et la durée des crédits consentis.

Un taux d’endettement faible signifie a priori que l’entreprise a des marges de manœuvre pour emprunter en cas de besoin. Attention toutefois, un ratio trop faible peut indiquer qu’elle n’investit pas assez, au risque de freiner son activité et sa croissance à long terme. Un taux trop élevé en revanche doit alerter sur sa dépendance financière vis-à-vis de l’extérieur.

Un niveau élevé de défaillances

Le climat actuel de faible croissance en France et d’incertitude financière en raison notamment de l’instauration de droits de douane par les États-Unis incite les entreprises à la prudence. D’autant que le niveau élevé de défaillances témoigne de la fragilité de nombre d’entreprises qui ne sont pas parvenues à endiguer leurs problèmes financiers.

Après un record de 67 830 procédures en 2024, le premier trimestre 2025 a enregistré une hausse des défaillances de 4,4 %, avec 17 845 procédures collectives ouvertes depuis le 1er janvier. « Un niveau très élevé mais une faible augmentation confirme le « pic durable » déjà identifié à l’issue du 4e trimestre 2024 », précise le Cabinet Altares. Les grandes entreprises ne sont pas épargnées : la stabilité est « portée en ce début d’année par les plus petites structures comptant moins de 3 salariés. Les plus grandes, au-delà de 100 salariés, accusent de leur côté une forte dégradation qui pèse lourdement sur l’emploi. »

Une priorité : gérer le poste client

Le contexte d’incertitude économique impacte la confiance des dirigeants d’entreprise. Cela se traduit notamment par l’allongement des délais de paiement. En effet, plutôt que de recourir à des découverts bancaires, les entreprises peuvent être tentées de compenser leurs besoins de trésorerie par l’allongement de leurs délais de paiement vis-à-vis de leurs fournisseurs. Les retards de paiement s’élèvent actuellement entre 14 et 17 jours selon les études. Et en 2024, 40 % des demandes adressées au médiateur des entreprises concernaient les conditions de paiement.

La priorité des entreprises est donc de veiller à maintenir leur trésorerie et à se prémunir des risques d’impayés. Les solutions d’affacturage peuvent leur apporter une réponse. Elles s’adressent à la fois à des entreprises performantes qui privilégient ce mode de financement pour garantir leur besoin de fonds de roulement, à des entreprises qui anticipent des tensions de trésorerie ou encore à celles qui connaissent déjà des tensions de trésorerie. L’affacturage est d’ailleurs la première source de financement à court terme des entreprises.

Concrètement, l’affacturage permet à l’entreprise de transformer immédiatement ses factures en liquidités. Elle peut décider de céder tout ou partie de ses créances, selon ses besoins de trésorerie. En s’affranchissant des délais de paiement, elle bénéficie de trésorerie plus stable et évite de recourir à des crédits bancaires à court terme. Autre avantage : l’affacturage n’est pas comptabilisé comme une dette dans le bilan, contrairement à un emprunt bancaire. L’entreprise préserve donc sa capacité d’emprunt et garde la maîtrise de ses ratios financiers.

Certains contrats incluent une garantie contre les impayés : le risque client est dans ce cas porté par le factor et non pas l’entreprise. Dans tous les cas, l’entreprise peut se concentrer sur son cœur d’activité, l’affactureur étant en première ligne pour effectuer le suivi des règlements, la relance des clients et le recouvrement des créances.